Parmi les 5 espèces de tritons que l’on rencontre en Bourgogne, 3 sont plus particulièrement menacés. Le Triton ponctué et le Triton marbré sont classés « en danger » dans la Liste Rouge régionale, tandis que le Triton crêté est considéré comme vulnérable. Ce sont aussi des espèces « parapluie » qui révèle la présence de réseaux de mares encore bien préservés et propice à la présence d’une biodiversité importante. Les raisons de leur raréfaction sont multiples, mais la cause principale est la dégradation et la disparition des mares qui leur sont indispensable pour assurer leur reproduction.
Devant ces constats, des actions ciblées sur ces espèces et leurs habitats ont débuté dès 2004. L’inventaire régional des Amphibiens lancé en 1998 avait alors permis de mieux cerner les secteurs bourguignons où les populations étaient les plus importantes et là ou les menaces étaient les plus fortes. Grâce au soutien de l’Agence de l’Eau Seine-Normandie, un protocole d’inventaire standardisé a pu être mis en place de manière systématique sur les régions naturelles prioritaires. L’objectif était d’identifier les foyers majeurs de populations afin de pouvoir mettre en œuvre une stratégie de conservation ciblée et efficace, puis des actions de conservation par les acteurs du programme « Réseaux Mares de Bourgogne ».
Étant donné le nombre de mares présentes en Bourgogne, un inventaire exhaustif n’est pas réalisable. Deux plans d’échantillonnage distincts ont ainsi été mis en place, et se basent sur un maillage 5 x 5 km :
Pour le Triton crêté et le Triton ponctué, un premier niveau de recherche débute sur chaque maille jugée prioritaire (densité de mare minimale et région naturelle prioritaire), un des trois objectifs suivants devant être atteint :
- prospection d’un minimum de 5 sites potentiellement favorables,
- prospection de 10 mares,
- pas plus de 8 heures de prospection par maille.
Le second niveau de recherche s’applique à partir du moment où une mare à Triton crêté est découverte sur la maille. La prospection s’effectue alors au sein d’une zone tampon correspondant à un rayon théorique de déplacement et d’échanges courants entre sites pour l’espèce (rayon de 1 km autour) jusqu’à atteindre un des trois objectifs cités précédemment.
Pour le Triton marbré, beaucoup plus rare et localisé que le Triton crêté, la recherche s’organise différemment, en 2 étapes :
La prospection s’organise par maille en deux étapes
Première étape : Elle se déroule de manière centrifuge autour des mailles positives pour lesquelles la présence de l’espèce est avérée. Toutes les mailles adjacentes à celles-ci sont inventoriées :
- les sites favorables sont visités jusqu’à la découverte de l’espèce jusqu'à un minimum de 30 sites s’ils sont présents en nombre suffisant dans la maille ;
- pas plus de 24 heures de prospection par maille ;
- lorsqu’un site est découvert, l’inventaire se poursuit sur la (les) maille(s) voisine(s), même si tous les sites n’ont pas été inventoriés.
Deuxième étape : Elle se poursuit sur les mailles identifiées comme « prioritaires » (présence de réseaux de mares forestières). Le temps de prospection est fonction du nombre de sites favorables par maille. Il s’échelonne de 8 heures à 24 heures maximum comme en Puisaye où la densité de mares forestières est élevée.
Etat d'avancement :
Parmi les secteurs prioritaires à prospecter : L’ensemble des régions naturelles prioritaires du bassin Seine a pu être couvert entre 2004 et 2013, à savoir l’Auxois, la Terre Plaine, le Pays d’Arnay et le Bazois (pour leur partie bassin Seine), le Val de Sauzay pour la recherche du Triton crêté et la Puisaye, la Forterre et le Gâtinais pour le Triton marbré.
D’autres secteurs restent à couvrir : quelques secteurs forestiers du Nivernais pour le Triton marbré, le sud Bazois, une partie du Pays d’Arnay, le Brionnais, certains secteurs de Bresse ou du sud de la Nièvre pour le Triton crêté.
Pour les recherches « Triton crêté » :
2 361 relevés, 2 324 points d’eau prospectés (dont 1 669 mares), 416 points d’eau disparus, 225 communes concernées par l’inventaire, 75 participants, 3 098 données d’Amphibiens collectées, 334 points d’eau avec présence de Triton crêté sur 114 communes.
Pour les recherches « Triton marbré » :
821 relevés, 758 points d’eau prospectés (dont 508 mares), 77 points d’eau disparus, 41 communes concernées par l’inventaire, 29 participants, 1 410 données d’Amphibiens collectées, 5 mares avec présence de Triton marbré sur 3 communes, 46 points d’eau avec présence de Triton crêté sur 17 communes.
D’ores et déjà, d’encore remarquables secteurs ont pu être identifiés. Des niveaux de menaces variables ont été également enregistrés, avec une alerte particulière par rapport à la colonisation importante du Ragondin dans certains secteurs ces dernières années. De nombreux réseaux de mares à Triton crêté ont pu être intégrés au réseau ZNIEFF ; les stations à Triton marbré ont été proposées dans le cadre de la SCAP (Stratégie de Création d’Aires Protégées) ; Le CENB a pu également prendre le relai sur la conservation ce certains réseaux dans le cadre du programme RMB.
Pour être tenus informés des soirées d’inventaire ou encore prendre en charge un secteur selon le protocole défini, n’hésitez-pas à nous contacter!
Contacts :
Nicolas VARANGUIN – nicolas.varanguin@shna.fr – 03 86 78 79 44