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Envergure : 23-30 mm
La couleur dominante du fond du dessus des ailes de l’Hespérie de l'Alcée est brune avec des marbrures variant du brun-noir au gris. Six fenêtres blanches marquent chaque aile antérieure, alors que les postérieures présentent des taches diffuses. Les individus vernaux sont plus foncés et moins contrastés que les individus estivaux. L’Hespérie de l'Alcée ne peut être confondu qu’avec l’Hespérie de la Bétoine (C. floccifer) mais cette dernière espèce est nettement plus sombre, plus grande, avec des fenêtres plus étendues aux antérieures et des taches blanches plus marquées aux postérieures, et paraît plus grise au vol. Une confusion passagère avec le Point-de-Hongrie, qui a la même taille et la même apparence au vol, est en général rapidement corrigée par l’observateur.
L’Hespérie de l’Alcée, mésoxérophile de milieux ouverts, fréquente surtout l’étage collinéen, colonisant les biotopes xéro-thermophiles comme les pelouses sèches, les pâtures extensives, les anciennes carrières et gravières, ainsi que des friches industrielles, les jachères et les terrains militaires désaffectés. Elle est bien adaptée aux milieux anthropisés et parfois, on peut l’observer dans les jardins, les vergers, sur les bermes routières et en bordure de vignobles. Elle affectionne les sols pauvres en végétation, pas nécessairement calcaires. Les femelles pondent sur différentes espèces de Mauves – notamment Malva neglecta –, épargnées par le bétail, et ne s’en éloignent guère. Plusieurs observations ont également été effectuées sur Rose trémière (Alcea rosea). À l’instar de nombreux Hespériidés, elle peut se révéler de détection difficile en raison de son vol rapide, et sa rareté apparente est à pondérer.
L’Hespérie de l’Alcée est une espèce plurivoltine, évoluant à partir d’avril jusqu’en septembre, avec probablement trois, voire quatre générations qui se chevauchent.
Les adultes se nourrissent principalement du nectar des fleurs, les chenilles dévorent les plantes hôtes.
La vaste distribution de l’Hespérie de l’Alcée fait penser qu’elle n’est pas menacée. En réalité, cette répartition reste très lacunaire, et l’espèce subit directement les méfaits de l’agriculture intensive dans certains secteurs : arrachage des haies, remembrement pour de vastes zones de monoculture, apport d’insecticides et d’herbicides. À cela s’ajoute le fauchage des pelouses sèches, le gyrobroyage des bermes des routes et des chemins, le tout accompagné d’un bitumage généralisé. Elle pourrait donc être menacée dans le futur, mais sa capacité à coloniser des biotopes anthropisés limite ces risques. En dehors de la bande de sécurité, les bermes routières et les talus attenants doivent être fauchés suivant un cycle pluriennal. La fauche tardive de ce linéaire routier peut d’ailleurs générer un effet-corridor très bénéfique à cette espèce. De manière similaire, le maintien des haies et des bordures forestières favorise ce papillon, tout comme la conservation des réseaux de pelouses sèches par pâturage extensif et contrôle de l’enfrichement. À souligner que dans des milieux secondaires comme les friches d’origine agricole ou industrielle, les dépôts de gravats et l’usage irraisonné d’herbicides peuvent conduire localement à la régression rapide de ses plantes-hôtes.
Les papillons sont les proies de nombreux insectivores, ils peuvent être consommés par d’autres insectes et des oiseaux par exemple.
L’Hespérie de l’Alcée présente une aire de répartition lacunaire. Cette espèce méditerranéo-asiatique a régressé dans l’Ouest et le Nord de la France. En Bourgogne, sa répartition est centrée sur le massif cristallin central du Morvan et ses franges marneuses où elle trouve de nombreux biotopes favorables (pâturages). En Franche-Comté, l’espèce présente une large distribution, mais délaisse le plus souvent les biotopes d’altitude supérieure à 600 m, aussi bien dans les Vosges saônoises (atteint parfois 800 m) que sur les contreforts du Jura. Elle a néanmoins été découverte en 2009 à 1 190 m (Jura, forêt du Risoux).
DUTREIX C., 2013, Papillons diurnes et nocturnes de Bourgogne, Ouvrage, L'escargot savant : 368p.
LAFRANCHIS T., 2000, Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles, Ouvrage, Coll. Parthénope, Biotope édit., Mèze (France) : 448p.
LAFRANCHIS T., JUTZELER D., GUILLOSSON J-Y., KAN P.&B., 2015, La Vie des Papillons. Ecologie, Biologie et Comportement des Rhopalocères de France., Ouvrage, Ed Diatheo : 751p.