Cartes, phénologie, nombre de données, etc...
Taille : 5-9 cm, jusqu’à 11 cm
La Grenouille rousse peut atteindre des tailles supérieures à la Grenouille agile, la distinction entre les deux espèces n’étant pas toujours facile. Ne vous fiez pas à son nom, ses colorations peuvent être multiples, du jaune au brun sombre, en passant par le roux ou le bleu (particulièrement les mâles en période de reproduction), sa robe étant parfois tachetée, et d’autres fois non ! Son ventre est souvent marbré, son museau est arrondi et busqué, le tympan est plus petit que l’œil.
C’est l’une des espèces d’Anoures les plus ubiquistes avec la Grenouille verte, elle se rencontre partout où il y a un peu d’humidité, et toute l’année. Les milieux qu’elle affectionne sont assez variés : mares, fossés, étangs, bras morts, flaques et ornières, marais et tourbières, sources et ruisseaux, les zones peu profondes des milieux stagnants à pente douce étant privilégiées. C’est aussi une des espèces les plus adaptées aux milieux ombragés et forestiers, y compris des mares fermées et encombrées. Elle est connue pour parfois hiverner dans la vase des zones humides et des points d’eau où elle se reproduit.
Grégaire lors du frai, la Grenouille rousse est une des espèces, avec le Crapaud commun, qui opère les rassemblements les plus spectaculaires en fin d’hiver. C’est également l’Amphibien le plus précoce, notamment en ce qui concerne la reproduction. La ponte a souvent lieu dans les mares alors que les gelées nocturnes sont encore fortes ou que les épisodes neigeux sont encore loin d’être terminés, dès la mi-janvier parfois, ce qui lui vaut souvent quelques déconvenues. Attention aux déterminations lorsque seulement une ou deux pontes sont présentes dans le milieu, celles-ci peuvent être attribuées à tort à la Grenouille agile. Celles de la Grenouille rousse sont en amas gélatineux très serrés et, après quelques heures, elles remontent à la surface pour former des nappes. La reproduction explosive de la Grenouille rousse se traduit par des chants et de grands rassemblements nuptiaux essentiellement fin-février à début mars et un pic d’observation de pontes en mars. Le développement s’effectue entre 3 et 6 mois mais celui-ci est fréquemment avorté avec l’assèchement des milieux ou lors d’épisodes de gel. Les émergences s’étalent jusqu’en juin.
Les adultes se nourrissent principalement d’insectes, d’Araignées, de petits Mollusques et autres invertébrés, parfois d’autres Amphibiens et des petits poissons.
La Grenouille rousse doit faire face à de nombreuses problématiques, par exemple la fragmentation des habitats, l’empoissonnement des plans d’eau, les pollutions diverses, le comblement des zones humides, les modifications climatiques, elle est aussi souvent victime de la circulation routière. Comme tous les Amphibiens, la Grenouille rousse est protégée par la loi française, elle est également « d'intérêt communautaire » à l'échelle européenne (inscrite à l’annexe IV de la Directive Habitats-Faune-Flore).
La Grenouille rousse est très vulnérable aux prédateurs terrestres, les hérons sont notamment une cause de forte mortalité lors des rassemblements nuptiaux. Les poissons, les rapaces (Effraie des clochers) et les Mammifères (Loutre d’Europe, Musaraigne aquatique) exercent également une pression de prédation. Les têtards sont la proie d’insectes aquatiques, comme les grands dytiques, les larves d’hydrophiles et de libellules etc. Les tritons aiment aussi gober les œufs lorsqu’ils viennent d’être pondus.
Largement répandue en Europe, la Grenouille rousse l’est également en Bourgogne où elle est commune dans les quatre départements, et notamment dans le massif du Morvan. Pourtant, il est fort probable que ses populations régressent face aux diverses atteintes qu’elle subit.
Conservatoire des sites naturels bourguignons, 2002, Guide des espèces protégées en Bourgogne, Ouvrage : 176p.