Septembre 2020
De concert avec les partenaires du projet (Cen Bourgogne, CBNBP et LPO 89), les entomologistes de la SHNA-OFAB participent cette année à un inventaire de plusieurs sites à enjeux dans l’Yonne. L’objectif ? Sélectionner les sites qui intègreront le futur réseau d’Espaces naturel sensibles (ENS) du département.
À travers sa politique publique d’ENS, le Conseil départemental de l’Yonne se mobilise pour la préservation de ses paysages, sa biodiversité et sa ressource en eau. Il a fait appel à quatre structures spécialistes pour mener des études afin d’identifier les sites à enjeux écologiques majeurs.
Ces inventaires permettent de préciser ou de mettre à jour les connaissances faunistiques et floristiques d’une trentaine de sites, publics ou privés, présélectionnés et répartis à travers tout le territoire icaunais. L’étude de l’entomofaune a été confiée à la SHNA-OFAB.
Les inventaires ont ciblé en particulier les libellules (odonates), papillons de jour (lépidoptères rhopalocères) ainsi que les grillons, criquets et sauterelles (orthoptères). En 2020, l’étude a été réalisée sur huit sites et se poursuivra sur d’autres secteurs au cours des prochaines années.
Plusieurs espèces d’intérêt patrimonial ont été rencontrées, ça et là, au cours de l’inventaire : le Mercure (Arethusana arethusa), le Sylvandre helvète (Hipparchia genava) ou encore le Leste des bois (Lestes dryas), tous 3 classés «vulnérables» en Bourgogne, ont pu être observés. Du côté des orthoptères, plusieurs espèces peu communes dans le département ont été contactées : le Grillon des marais (Pteronemobius heydenii), le Sténobothre nain (Stenobothrus stigmaticus) ou encore le Tetrix caucasien (Tetrix bolivari).
Certains sites comme les coteaux de Pont-sur-Vanne ou de Pierre-Perthuis présentent de belles potentialités au regard de la faune entomologique. Toutefois, si l’intérêt de plusieurs secteurs étudiés est confirmé (diversité élevée, présence d’espèces classées en liste rouge), d’autres sites se sont révélés plus décevants.
Les gravières de Gurgy se sont par exemple aujourd’hui largement dégradées, tant et si bien que la rare Leucorrhine à large queue (Leucorrhinia caudalis), recensée il y a quelques années encore, n’y a pas été observée cette année. Des hypothèses sur sa probable disparition ? L’empoissonnement de nombreuses gravières ainsi que l’implantation et la colonisation de plans d’eau par des espèces exotiques envahissantes (Écrevisse de Louisiane, Perche-soleil, Poisson-chat) qui entraînent une dégradation de l’habitat et une importante prédation larvaire sont des pistes à confirmer.
Il s’agit maintenant de poursuivre les inventaires sur les autres sites présélectionnés. L’ensemble des données collectées par les différents partenaires servira, en fin de programme, à évaluer et hiérarchiser les secteurs les plus propices à intégrer le réseau de sites ENS du département de l’Yonne. Affaire à suivre !
En apprenez plus sur les espèces citées :