Novembre 2022
Le week-end du 22 et 23 octobre notre Groupe Invertébrés Bourgogne a eu le plaisir d'accueillir le groupe informel MyriaFrance dans le Morvan, avec le soutien du Parc naturel régional du Morvan pour la logistique. Ces deux jours étaient l’occasion pour des spécialistes d’échanger avec des locaux plus néophytes sur ce groupe, hélas, trop méconnu.
L’étymologie nous vient du grec Myria « dix mille » et pode « pied ». Il s’agit plus communément de ce que l’on appelle les mille-pattes. Le sous-embranchement des Myriapodes est divisé en 4 classes: les deux principaux sont les Chilopodes et les Diplopodes, et les deux autres, moins connus, sont les Pauropodes et les Symphyles.
Les chilopodes, avec une paire de patte par segment, sont des prédateurs dotés de forcipules (crochets venimeux). Ils sont divisés en 4 ordres : les géophiles, les lithobies, les scolopendres, et ceux que l’on peut retrouver dans nos maisons : les scutigères.
Les diplopodes, avec deux paires de patte par segment, sont des détritivores ou des phytophages. Ils sont divisés en plusieurs taxons et parmi leurs représentants on peut citer les iules, les polydesmes ou bien encore les gloméris.
Nos amis des mille-pattes, débutants et initiés, ce sont d’abord retrouvés le samedi matin en salle à la Maison du Parc de Saint-Brisson (58) pour quelques présentations et des échanges informels autour des projets ailleurs en France, de belles découvertes et d’une présentation de la dynamique régionale autour des invertébrés en région.
Voici les présentations :
La suite du programme du samedi était dédiée aux prospections. L’amélioration des connaissances sur les Myriapodes reste relativement récente en France et de nombreux territoires sont encore bien trop mal connus, la Bourgogne ne fait pas exception.
La journée étant déjà bien entamée, les prospections de l’après-midi se sont dirigées vers une forêt proche : le bois de Vasseur, géré par le groupement forestier pour la sauvegarde des feuillus du Morvan qui nous avait aimablement donné l’autorisation de le prospecter. Entouré par une chasse plus traditionnelle et moins discrète, nous avons pu entamer l’inventaire du site : recherche sous les roches, sous les mousses, les troncs et les écorces mais aussi tamisage de la litière et des feuilles mortes. Ces premières recherches ont permis de contacter 16 espèces (déterminées après le week-end en laboratoire car peu d’espèces peuvent se déterminer avec certitude sur le terrain).
Les prospections se sont ensuite poursuivies de retour à la maison du Parc. Le but était de chercher des espèces plus communes dans un habitat plus anthropiques. Résultat de cette seconde partie d’inventaire entre les bâtiments: 15 espèces.
Le dimanche, ce sont les portes de la réserve biologique dirigée des Gorges de la Canche à Roussilon-en-Morvan (71) qui nous sont ouvertes avec l’accord du gestionnaire: l’Office National des Forêts. Un site exceptionnel au sein du département qui semblait le moins bien connu pour le groupe étudié. En effet, alors que les 3 autres départements bourguignons dépassaient les 20 espèces de chilopodes inventoriés, la Saône-et-Loire n’en comptabilisait que 9. Les prospections se sont déroulées le long du chemin, d’abord dans la pente autour des roches puis très vite autour d’une zone plus humide en bordure d’un ruisseau, un habitat propice à de nombreuses espèces. Au total ce sont 21 espèces de Myriapodes qui ont été recensées sur cette seule matinée.
Avec ces deux jours de prospections, et quelques autres sur le trajet, la connaissance des myriapodes de Bourgogne a bien progressé. Rien que pour les chilopodes le département de la Nièvre passe de 21 à 23 espèces et le département de la Saône-et-Loire de 9 à 16 espèces! Certaines des espèces sont particulièrement intéressantes, voire assez remarquables, comme Arctogeophilus inopinatus, Geophilus studeri, Lithobius pelidnus, Lithobius dentatus, Lithobius valesiacus et, dans une moindre mesure Lithobius aeruginosus. Et les diplopodes ne sont pas en reste côté découvertes, même si certaines espèces doivent encore passer pour vérification chez un spécialiste. Il semblerait notamment que nous ayons collecté Leptoiulus bruyanti dans les Gorges de la Canche, une espèce a priori endémique du Massif central.
Ce week-end riche en partages les pieds dans les feuilles mortes illustre bien le manque de connaissance sur les Myriapodes en Bourgogne, et ces prospections, bien que limitées, apportent un jeu de données important pour ce groupe au sein de la Bourgogne Base Fauna. Même si les Myriapodes restent un groupe compliqué, on peut espérer que ces rencontres permettent de lancer une dynamique et de continuer à faire progresser la connaissance en région.