Septembre 2022
L’Association des coccinellistes de France (ACOF) organise tous les ans une sortie pour permettre à ses adhérents de se rencontrer et de découvrir les initiatives locales. Cette année, l’association était donc invitée en Bourgogne par notre association pour prospecter notre territoire et contribuer à l’Atlas des Coccinelles de Bourgogne. Ce sont au final une dizaine d’entomologistes, membre de l’ACOF ou bénévoles au sein du Groupe Invertébrés Bourgogne (GIB) qui ont pu apprendre, échanger et rechercher ces charmants coléoptères.
Le week-end a débuté en salle à Saint-Brisson (58), autour d’un gâteau et d’un café ou d’un jus de fruit. Les premières discussions se sont amorcées autour des atlas et ouvrages régionaux, dont le tout frais Atlas des Odonates de Bourgogne-Franche-Comté, mais aussi d’atlas plus ancien comme les Scolytes de Bourgogne ou d’ouvrages rédigés chez nos voisins Franc-Comtois sur les punaises et certains coléoptères saproxyliques. Les ouvrages sur les coccinelles déjà parus en France étaient aussi présents, permettant d’illustrer ce qu'il se fait ailleurs et donnant des idées pour l’atlas en cours. L’occasion aussi de présenter des cartes de richesse spécifiques sur plusieurs taxons en Bourgogne, que ce soit l’état d’avancement de l’Atlas des Coccinelles de Bourgogne ainsi que d’autres groupes comme les orthoptères, les punaises Pentatomoidea ou les longicornes. La matinée s’est poursuivie avec plusieurs présentations : Jean-Pierre COUTANCEAU a parler de la relation entre les hommes et les coccinelles, en évoquant par exemple l’origine de son surnom de « bête à bon dieu ». Il a poursuivi en exposant la biologie et l’écologie des coccinelles, et leur étude en France, fortement liée à la question de la lutte biologique. Pour terminer ce tour d’horizon, il a présenté l’ACOF et ses différentes actions, annonçant notamment les prochaines rencontres nationales à Montpellier en 2023, qui accueilliront de nombreux spécialistes et passionnés français et d’ailleurs, et d’évoquer une probable organisation de ces rencontres en 2025 en Bourgogne-Franche-Comté. Les présentations de la matinée ce sont conclues avec Mathurin CARNET qui a présenté l’origine de l’Atlas des Coccinelles de Bourgogne et la dynamique actuelle autour de ce projet.
Télécharger ces présentations :
Le programme de la matinée ayant un peu débordé sur le planning, notre fine équipe s’est dirigée directement vers les sources de l’Yonne à Glux-en-Glenne (58), afin de partager un repas tiré du sac et de commencer les prospections. Avec le partenariat du Parc Naturel Régional du Morvan et de sa conservatrice, Christine DODELIN, nous avons prospecté une partie de la Réserve Naturelle Régionale du Morvan. De nombreuses espèces relativement communes étaient encore inconnues du secteur. Cet inventaire permettait donc de contribuer activement à l’atlas. De plus, une coccinelle rare avait déjà été trouvée dans la tourbière : Coccinella hieroglyphica, attisant la curiosité de nos coccinellistes. Ce sont au final 10 espèces de coccinelles qui ont été notées sur la réserve et sur le Mont Préneley : Anatis ocellata, Aphidecta obliterata, Calvia decemguttata, Calvia quatuordecimguttata, Coccinella septempunctata, Exochomus quadripustulatus, Halyzia sedecimguttata, Harmonia axyridis, Psyllobora vigintiduopunctata et Tytthaspis sedecimpunctata.
Une prospection un peu en dessous de ce qui était espéré, avec l’absence remarquée de la fameuse Coccinella hieroglyphica, qui peut peut-être s’expliquer par la chaleur et la sécheresse exceptionnelles de cet été. Mais nos entomologistes en ont aussi profité pour noter d’autres espèces : punaises, orthoptères, araignées, etc. Et on souligne l’observation d’un beau diptère : Pedicia rivosa. Une espèce de la famille des Pediciidae typique des tourbières et de certains marais et qui n’était jusqu’à lors mentionnée que dans une seule commune en Bourgogne.
C’est en comité un peu plus restreint que le groupe s’est retrouvé le dimanche matin à Mailly-le-Château (89), en partenariat avec le Conservatoire d’Espaces Naturels de Bourgogne et de son conservateur, Maxime JOUVE. Nous avons prospecté la Réserve Naturelle Nationale du bois du Parc : des habitats plus thermophiles bien différents de la veille et un secteur encore moins bien connu en coccinelles. Les prospections nous ont permis d’observer de nombreux invertébrés différents et surtout de noter 8 espèces de coccinelles : Adalia decempunctata, Calvia quatuordecimguttata, Coccinella septempunctata, Coccinula quatuordecimpustulata, Exochomus quadripustulatus, Oenopia lyncea, Rhyzobius lophanthae et Scymnus auritus. Parmi nos rencontres, on peut notamment relever la présence d’Oenopia lyncea, une espèce pas si commune et avec des préférences nettement thermophiles qui a été observée à plusieurs reprises au battage. Mais aussi la présence d’une autre espèce qui lui ressemble beaucoup, bien qu’elle soit plus commune, Coccinula quatuordecimpustulata qui a été trouvée au fauchage de la végétation et qui semble particulièrement active en cette période estivale. Notre observation de 3 individus de Rhyzobius lophanthae constitue aussi la première mention départementale pour cette espèce. Mais le site cache encore certainement de nombreuses espèces, notamment le genre Hyperaspis, encore mal connu chez nous que l’on pourrait trouver au sein des pelouses de la réserve.
Au total, ce sont 15 espèces de coccinelles qui ont été inventoriées lors de ce week-end. Toutes les données collectées permettront d’enrichir l’Atlas des Coccinelles de Bourgogne, et serviront aussi aux gestionnaires des réserves prospectées afin d’affiner leurs connaissances sur leurs sites. Au-delà des données, ce week-end a surtout été un moment d’échanges importants entre les adhérents de l’ACOF et les bénévoles du GIB. Un temps fort qui permet d’accentuer la dynamique pour l’atlas mais aussi pour l’amélioration globale de la connaissances des invertébrés en région !
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