Décembre 2024
Avec l'arrivée du froid, les températures chutent et la Cistude d’Europe (Emys orbicularis), commence sa phase d'hivernation. Leur métabolisme ralentit progressivement, et elles s’envasent au fond des étangs pour passer l’hiver à l’abri, en mode "veille". Elles y resteront jusqu’au retour des beaux jours au printemps prochain.
Cette petite tortue d’eau douce, hôte notamment des mares, étangs et marais, est rare en Bourgogne où elle n’est présente que sur quelques sites du sud de la Nièvre et de l'ouest de la Saône-et-Loire. Le CEN Bourgogne, gestionnaire de plusieurs sites et maître d’ouvrage de l’opération nous a mandaté pour améliorer notre connaissance sur l’utilisation de l’habitat par la Cistude d’Europe.
Durant le printemps et l’été 2024, des émetteurs ont été fixés sur plusieurs tortues. En ce début d’hiver, nos équipes reviennent sur le terrain, équipées d’un récepteur réglé sur la fréquence des émetteurs et d’une antenne amplifiant le signal pour en localiser la direction. L’objectif ? Cartographier les zones d’hivernage de ces tortues afin de préserver ces secteurs lors du curage prévu de l’étang dans les années à venir.
Depuis cet automne, nous avons mené trois sessions de télémétrie, en octobre, novembre et décembre, et ces suivis continueront chaque mois jusqu’au printemps. Cette régularité est essentielle, car les cistudes peuvent se réactiver légèrement même en pleine hivernation, notamment pour remonter respirer toutes les quelques semaines. Après cela, elles retournent s’envaser, parfois en se déplaçant de quelques mètres.
Sur les sept tortues équipées d’émetteurs, nous avons obtenu des données fiables pour cinq individus et voici ce que nous avons observé :
En octobre, deux tortues étaient encore actives, parcourant l’étang, tandis que les trois autres montraient une faible activité mais n’étaient pas encore complètement envasées.
En novembre et décembre : les cinq tortues étaient envasées, hivernant sur une surface très restreinte d’à peine 2 à 3 m², révélant un comportement grégaire (tendance à vivre en groupe) marqué chez la Cistude d’Europe.
Ces observations précieuses permettront d’ajuster les futures interventions sur l’étang afin de protéger ces zones cruciales pour leur survie.
La télémétrie est un outil clé pour mieux comprendre les besoins et les comportements de cette espèce patrimoniale. Rendez-vous au printemps pour le bilan complet de cette étude !