Décembre 2020
Depuis 2017, plusieurs espèces de papillons considérées comme sensibles au regard de la liste rouge de Bourgogne bénéficient d’un bilan stationnel. L’enjeu principal de ces inventaires est de contrôler l’état des stations connues des espèces et d’en vérifier la présence, afin d’engager des actions de conservation. En 2020, sept espèces ont été recherchées ; les voici !
Le Damier du Frêne (Euphydrias maturna) est une espèce difficile à observer, l’adulte étant un bon voilier et se déplaçant à la cime des arbres. Les prospections se sont donc centrées sur la recherche des nids communautaire des chenilles sur le Frêne, sa plante hôte. Notre inventaire était ciblé sur une commune du Morvan où nous disposions de mentions anciennes, mais nos recherches n’ont pas permis de détecter l’espèce.
L’Azuré de la Chevrette (Cupido osiris) fréquente les prairies maigres et les côtes fleuries où sa chenille se nourrit de Sainfoin sauvage (Onobrychis viciifolia). Ces habitats de prédilection sont en forte régression du fait de l’intensification agricole ce qui précipite la disparition de l’espèce. Le papillon a été recherché dans l’Yonne sur des sites où il était connu historiquement et sur des stations proches potentiellement favorables. Nos inventaires n’ont pas permis d’y recontacter l’espèce mais l’observation sur certains sites de quelques pieds de sa plante hôte nous permet de garder espoir.
Le Cuivré Mauvin (Lycaena alciphron) est une espèce qui fréquente, selon la sous-espèce, des clairières en forêt calcaire ou des friches rocailleuses et des éboulis. Malgré un effort de prospection important, l’espèce n’avait été retrouvée que dans une seule station en 2018. Elle a aussi été contactée sur une autre station en 2019. Les inventaires de 2020 ce sont portés sur les stations historiques de l’Yonne en raison de l’absence d’observations en 2018, mais n’ont pas été concluants : l’espèce n’a pas été observée.
L’Hermite (Chazara briseis) se rencontre sur des pelouses rases et caillouteuses très thermophiles. La disparition progressive de ces habitats, laissant souvent place à la friche par abandon des pratiques pastorales, a provoqué une nette régression de cette espèce. Les stations de Saône-et-Loire où l’espèce avait été contactées en 2018 et en 2019 ont été prospectées et ont permis de contacter une petite poignée d’individus. Le suivi continue.
Le Mélibée (Coenonympha hero), est inféodé aux moliniaies souvent humides et ne se rencontre quasiment plus qu’en Franche-Comté au niveau national. Il était considéré disparu en Bourgogne jusqu’en 2017 où un bénévole a découvert une station. Cette dernière est suivie précisément depuis 2018, et cette troisième année de suivi ne fait que confirmer la régression de la population. Passant de plus de 70 individus en 2018, à une vingtaine en 2019, le nombre d’individus pouvait se comptabiliser sur une main en 2020. Aucune autre station périphérique n’a été découverte depuis, minimisant encore un peu plus les chances de survie de cette population. De plus, les conditions climatiques lui sont de plus en plus défavorables.
Le Faune (Hipparchia statilinus) se trouve sur des habitats de pelouses sablonneuses ou à roches affleurantes. Ce type de milieu est notamment présent dans les méandres des grands fleuves comme la Loire. Une seule station récente de cette espèce est actuellement connue en Bourgogne, dans le département de la Nièvre et est donc suivie de façon plus régulière. La population semble bien se porter, alors qu’une dizaine d’individus avait été observée en 2019, c’est presque une cinquantaine qui a été comptabilisée cette année. Ceci confère une certaine responsabilité à cette station, car le Faune n’a pas été retrouvé sur les sites limitrophes.
Le Cuivré écarlate (Lycaena hippothoe) est lié aux zones humides d’altitude, notamment aux prairies para-tourbeuses et est en nette régression à l’échelle régionale et nationale. Cette régression étant certainement en partie liée au réchauffement climatique global. Il a été recherché sur deux stations dans le Morvan où l’espèce avait été contactée récemment mais nos passages n’ont pas permis d’y noter l’espèce cette année.
Ces inventaires illustrent malheureusement de façon concrète la régression globale de la biodiversité et l’enjeu de conservation immédiat sur de nombreuses espèces sensibles. Ils devraient se poursuivre dans le temps et permettre des actions de protections ou de restaurations des habitats qui abritent ces populations de papillons en danger. Certaines sont en cours pour l’Hermite et le Mélibée.