Septembre 2022
Le comité scientifique de la Bourgogne Base Fauna (BBF) s’est réuni pour la troisième fois le 3 septembre dernier au Museum d'histoire naturelle Jacques de La Comble d'Autun. L'occasion pour les 14 membres présents de faire le bilan de l'année 2021, du début de l'année 2022 et d'envisager les perspectives pour les années à venir.
De nouvelles espèces ont été découvertes en Bourgogne comme le longicorne Phytoecia pustulata (première mention contemporaine en Côte-d’Or en 2022). D'autres espèces encore très peu connues en Bourgogne ont été observées, comme le Criquet Paracinema tricolor, la Coccinelle de l’Aulne Sospita vigintiguttata ou le Syrphe Criorhina floccosa. Les prospections et observations ont permis de mettre à jour de nouveaux secteurs pour la Loutre d’Europe et le Chamois. De plus, on a pu redécouvrir des espèces rares dans certains secteurs, comme le Rhinolophe Euryale en Côte-d’Or.
Par ailleurs, les contributions des observateurs sur E-Observations permettent de suivre la phénologie des espèces et de mettre en évidence des changements. Elles ont notamment permis de suivre l’arrivée d’espèces exotiques comme l’Abeille résineuse géante (Megachile sculpturalis), le Raton laveur ou la Tarente de Maurétanie, et d’espèces méridionales qui remontent comme l’Elanion blanc qui commence à se reproduire en Bourgogne et le caloptéryx méditerranéen Calopteryx haemorrhoidalis (première mention en Saône-et-Loire en 2022).
Créée en 2005 avec plus de 30 acteurs et en évolution constante, la BBF centralise et gère de manière très fine et rigoureuse des données naturalistes sur la faune sauvage et ses habitats à l’échelle de la Bourgogne. Riche de plus de 2 160 000 données, elle est reconnue comme la base de référence sur la faune bourguignonne par nos partenaires et nos financeurs.
Bien au-delà de la simple compilation des données, la vocation de la BBF vise à les valoriser (par des études, synthèses, porter à connaissance, créations de zonages pour la conservation, conseils, etc.) et à les transmettre au niveau régional et national, notamment à travers le géovisualiseur de biodiversité SIGOGNE Bourgogne-Franche-Comté.
Elaboré par les structures productrices et gestionnaires de bases naturalistes régionales, SIGOGNE est géré aujourd'hui, depuis le 1er janvier 2022, par l’Agence Régionale de la Biodiversité (ARB), et a notamment pour vocation la transmission des données vers le Système de l’Inventaire du Patrimoine Naturel (SINP) géré par le Muséum National d’Histoire Naturelle.
Le comité scientifique de la BBF compte actuellement 37 membres dont des salariés de la SHNA-OFAB mais aussi, et pour plus de la moitié, des bénévoles qui sont pour certains des experts nationaux sur des groupes taxonomiques. Ce n’est pas rien !
L'une des missions principales de ces scientifiques et naturalistes est la validation des données saisies notamment sur E-Observations. En effet, toutes les données diffusées doivent avoir subi le processus de validation ! Ce travail "de fourmi" et collaboratif permet de valider en ligne sur des outils dédiés environ 30 000 données par an, sur une grande diversité de groupes taxonomiques ! La BBF contient en effet environ 7 600 espèces différentes ayant fait l’objet d’au moins une observation en Bourgogne, témoignant du large panel de compétences nécessaires au sein du comité. Par ce travail, le nombre de nouvelles espèces d'insectes est monté en flèche : en 2012 la BBF en contenait 1 800 (tout groupe confondu), en 2014, 4 000 et désormais plus de 7 000 !
Le comité scientifique joue aussi un rôle primordial dans la formation des observateurs avec lesquels les membres échangent régulièrement. Il participe activement aux enquêtes menées et à la rédaction de notes d’identifications. Cette implication participe grandement au progrès des observateurs en termes de connaissances naturalistes et de rigueur scientifique. Elle améliore ainsi la qualité mais aussi la quantité des données saisies : sur les insectes encore, le nombre de données saisies en ligne a été multiplié par 3 en 10 ans !
Chaque donnée validée est passée par un processus scientifique qui requiert un certain temps et repose encore une fois sur la contribution de spécialistes, souvent bénévoles, qui parfois doivent échanger entre eux, voire même faire appel à des spécialistes extérieurs. C’est pourquoi, une donnée ne peut être instantanément validée.
Le principe de précaution prime au sein du comité ! Certaines données restent en attente de validation par manque de compétences spécifiques (le comité est voué à s’étoffer d’années en années). Elles peuvent être également classées comme "plausibles" lorsque les indices permettant de se prononcer sur la détermination de l’animal observé sont insuffisants. Enfin, si la détermination semble totalement erronée sans que l’on puisse statuer sur l’espèce (espèce douteuse par rapport à sa répartition connue ou sa phénologie et photographie manquante ou ne permettant pas la détermination par exemple), elles sont invalidées. La présence de photos est souvent très utile pour faciliter cette phase de validation, elle est même nécessaire pour certains groupes (d'insectes notamment). Toutefois, les statuts de validation ne sont pas figés, et beaucoup sont corrigés chaque année ! Aussi, toutes les données non traitées sont conservées et restent précieuses car elles pourront faire l’objet d’une validation et d’une valorisation a posteriori.
Savez-vous qu’en partageant vos données sur E-Observations, notre module en ligne accessible par tous, vous contribuez à la BBF et donc à l’amélioration des connaissances sur la faune en Bourgogne et à sa préservation?! Rendez-vous, ici ! Et n’oubliez pas, les photos facilitent la validation des données.