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La Turquoise de la Sarcille est assez grande, avec les ailes antérieures présentant un éclat métallique vert, parfois légèrement bleuté. Quelques rares exemplaires présentent une variation chromatique franchement bleue. Les ailes postérieures gris brunâtre sont semi-diaphanes. Les antennes des mâles sont fortement pectinées et massives. Celles des femelles sont effi lées. Dans les milieux humides, il n’existe quasiment aucun risque de confusion. Dans les milieux secs, l’espèce peut être confondue avec la Turquoise des Cistes, mâle ou femelle, aux ailes postérieures plus densément écaillées. Les autres Turquoises présentent des antennes effilées et faiblement plumeuses pour les mâles, et leurs femelles sont plus petites que celles d’Adscita statices. Toute certitude ne peut être apportée que par l’examen des organes génitaux.
La Turquoise de la Sarcille présente deux écotypes avec un décalage phénologique d’une quinzaine de jours. La forme heuseri Reichl est la plus courante : mésohygrophile, tributaire de l’Oseille des prés (Rumex acetosa), présente dans les prairies de fauche, les zones humides, les pâturages extensifs. La forme statices Linnaeus est moins répandue : thermophile, fréquentant des milieux plus secs à Petite-Oseille (ou Sarcille, Rumex acetosella), sur zones herbues. L’imago reste fréquemment posé sur les chaumes de diverses Graminées ou butine sur de nombreuses inflorescences, souvent sur la Lychnide fleur-de-Coucou (Silene flos-cuculi) et s’envole rarement spontanément. De nombreux mâles ont été observés en période antécrépusculaire. En région parisienne des individus sont couramment capturés au piège lumineux, témoignant d’une potentielle activité nocturne. En cas de stress, de capture, elle peut simuler la mort (thanatose) avant de tenter un décollage salvateur. Cette caractéristique est commune à toutes les Turquoises.
Espèce univoltine, c’est la première Zygène du groupe des Turquoises à apparaître, vers la mi-mai, dans les prairies de fauche mésophiles. La période de vol maximale s’étend durant tout le mois de juin. Cependant, dans les prairies humides du Jura, son observation est encore possible fin juillet.
Les adultes se nourrissent principalement du nectar des fleurs, les chenilles dévorent les plantes hôtes.
Ce papillon est sensible à la modification de ses habitats et sa régression s’explique notamment par la généralisation de certaines pratiques agricoles : fumure excessive des prairies, multiplication des fauches précoces sans maintien de parcelles non fauchées, conversion des prairies en champs de maïs de grande dimension… Cette espèce exige des espaces richement fl euris et sa conservation est favorisée par la fauche tardive. Dans les zones agricoles fortement exploitées (cultures céréalières…), il est vivement souhaitable d’intervenir à la marge des espaces cultivés par le maintien ou la création d’espaces-refuges fleuris (non semés).
Les papillons sont les proies de nombreux insectivores, ils peuvent être consommés par d’autres insectes et des oiseaux par exemple.
Espèce de vaste répartition, eurosibérienne, elle est adaptée aux milieux ouverts bien herbacés, surtout dans les zones accidentées, pâturées, pas nécessairement calcaires. La Turquoise de la Sarcille présente un fort noyau de populations dans la zone centrale de Bourgogne, axé sur les massifs cristallins morvandiaux et charolais. De même, elle est bien représentée sur les contreforts vosgiens, les plateaux du Jura, jusque vers 1 200 m d’altitude (Doubs, Grand’Combe-Châteleu). En principe, dans la zone d’étude, c’est la Turquoise la moins rare et la plus répandue, celle que l’on a le plus de chances de rencontrer. La Turquoise de la Sarcille ne semble pas menacée, mais le niveau des populations de cette espèce à valence écologique relativement large semble en légère régression.
DUTREIX C., 2013, Papillons diurnes et nocturnes de Bourgogne, Ouvrage, L'escargot savant : 368p.
LAFRANCHIS T., 2000, Les papillons de jour de France, Belgique et Luxembourg et leurs chenilles, Ouvrage, Coll. Parthénope, Biotope édit., Mèze (France) : 448p.
LAFRANCHIS T., JUTZELER D., GUILLOSSON J-Y., KAN P.&B., 2015, La Vie des Papillons. Ecologie, Biologie et Comportement des Rhopalocères de France., Ouvrage, Ed Diatheo : 751p.